Les titres des romans de Fantasy sont souvent très stéréotypés. Difficile de sortir du cadre "article-nom-préposition-nom" avec des mots frappants de fantasy qui donnent "Le dragon de feu", "La montagne du destin", ou "La coupe de sang...

Pour la trilogie de Leïlan, le tome I, Les yeux de Leïlan, était pour moi un bon début parce que, si je restais dans le cadre, je n'utilisais pas les mots classiques de fantasy ; je trichais même avec Leïlan qui n'était pas une personne mais un pays. Je n'avais pas conscience qu'un tel titre était particulièrement fleur bleue pour les personnes qui n'avaient pas regardé la quatrième de couv'. Je croyais amener du mystère... La bonne blague ! L’expérience me manquait ;-) Pour le tome II, je n'ai pas voulu respecter un rythme régulier dans la suite des titres, je l'ai brisé avec Pour Eloïse puisque tout ce qui était entrepris dans ce volume concernait cette princesse. Le tome III reprenait un cadre plus classique, Une nuit sans lunes, mais j'espérais que le pluriel mis à la lune entrainerait beaucoup de questions et ferait oublier le côté trop banal.

En comparaison, la trilogie d'Eternité me donne beaucoup de fils à retordre. Ne pas tomber dans les titres classiques, ne pas perdre du lectorat avec trop de poésie... Le prix d'Alaya m'a semblé un bon départ, suffisamment énigmatique, et une référence au sang pour ceux qui le liraient. Je voulais que le tome II est le titre frappant De Sable et de Sang puisque toute l'histoire de ce volume se mêle de ces deux éléments et le volume III Au cœur du Crabe parce que... parce que (il ne faut pas donner toutes ses sources non plus). Mais je n'arrivais pas à me satisfaire du tome III, titre trop insignifiant au premier abord par rapport aux deux autres.

Au salon de Brive, en novembre 2012, j'allais donner le tome II à Bragelonne, mais je cherchais encore une solution satisfaisante avant qu'il ne soit trop tard. Entre les dédicaces, j'ai noirci de toutes mes idées le sous-main en papier mis à notre disposition. J'avais envie d'une continuité entre les trois volumes. Au cœur du Crabe était trop nul, L'équilibre des Dieux convenait parfaitement pour le tome II où on parle beaucoup de l'équilibre précaire de la société de Terre de Sel ou de l'influence des dieux. Mais dans ce cas, je tombais sur un titre purement classique même si je me rattrapais en frappant fort avec De sable et de sang pour le troisième.

Référence au sang, référence au sable. Le prix d'Alaya est le prix du sang, Il me fallait un titre avec du sable pour le tome II. Les héros ne sont que des petites choses pour les dieux, de petits pions poussés par le vent dans ce monde désertique. Des dunes... Comme des dunes sous le vent  ! Yep !

Mais Leslie n'avait pas l'air totalement convaincue à côté de moi à Brive. Trop poétique pour un tome II où l'action ne manque pas. Je n'avais pas de meilleure idée et j'adorais le lien entre les trois tomes. C'était important pour moi. Leslie m'a fait juste éliminer le comme qui rallongeait trop le titre. J'ai envoyé mon tome II sous le nom Des dunes sous le vent. Et puis, j'ai réfléchi, j'ai tourné, j'ai viré parce que je ne déclenchais pas l’enthousiasme dans mon entourage et cela m'agaçait.

C'est vrai que le tome II est dur, qu'il faut encore appâter le lecteur pour qu'il poursuive le roman. Le titre de ce volume doit être pétant et non doux et ironique. Des dunes sous le vent n'est pas le bon choix même si je le préfère. Je suis quelqu’un de trop poétique. Et crotte... Pour que ça pète, il faut mettre De Sable et de Sang comme je l'avais pensé initialement. Un petit message à Stéphane Marsan pour me convaincre complètement et le choix est fait. Ce sera De Sable et de Sang.

Voilà pourquoi vous en avez peut-être entendu parler sous le nom Des dunes sous le vent. Il est en prévente sous cette appellation sur quelques sites marchands. Il a bien failli y avoir plusieurs fois des erreurs au moment de l'incrustation du titre du tome II dans la maquette de la couverture ou pour la pub du tome à venir, mais pour l'instant tout a été rattrapé à temps ;-)

Mais il reste un problème : qu'est-ce que je vais mettre au tome III ?!... Un titre nul, un cartouche classique, un nom énigmatique... Et bien on verra, je n'en sais absolument rien pour l'instant.

Un troisième tome est lu parce que l'histoire a tenu le lecteur en haleine jusque-là, il s'en fiche du titre à ce instant, non ? Rassurez-moi...